Sous les feux de lâactualitĂ©, les sources dâĂ©nergie renouvelables EnR ne sont pas toutes Ă©gales. Bien quâoccupant la premiĂšre place dans le bilan Ă©nergĂ©tique mondial, la biomasse nâest pas la plus Ă©tudiĂ©e. Ce qui suit est donc dâune grande importance pour qui veut comprendre ce que sont les sources dâĂ©nergie biosourcĂ©es, ou bioĂ©nergies, et quels en sont les dĂ©veloppements possibles. La transition Ă©cologique qui sâimpose aujourdâhui Ă toutes les sociĂ©tĂ©s, surtout industrialisĂ©es, nĂ©cessite un recours croissant aux sources dâĂ©nergie renouvelables EnR. Parmi elles, aux cĂŽtĂ©s des nouvelles techniques pour produire de lâĂ©lectricitĂ©, la biomasse, historiquement utilisĂ©e depuis les dĂ©buts de lâhumanitĂ©, occupe une place majeure. Mais quâest-ce que la biomasse ? Issue principalement de lâagriculture, de lâĂ©levage, des forĂȘts et de la mer, elle est relativement mĂ©connue sous cette appellatio gĂ©nĂ©rique car chacun de ces domaines procure des ressources finales trĂšs diffĂ©rentes les unes des autres, des produits alimentaires aux matĂ©riaux les plus variĂ©s et aux sources dâĂ©nergie utilisĂ©es pour lâĂ©clairage, la cuisson, et surtout les combustibles destinĂ©s au chauffage. Pour bien comprendre la place prise et Ă prendre par les produits de la biomasse dans un bilan Ă©nergĂ©tique Lire Le bilan Ă©nergĂ©tique, il est indispensable de remonter Ă la dĂ©finition de la biomasse, Ă ses propriĂ©tĂ©s Ă©nergĂ©tiques, Ă son cycle de valorisation et aux diverses formes de sa contribution Ă la satisfaction des besoins Ă©nergĂ©tiques Lire Les besoins dâĂ©nergie. 1. Quâest-ce que la biomasse ? La biomasse, au cĆur du monde vivant, donc substrat essentiel de la biosphĂšre, est produite par les ĂȘtres que sont les plantes, les animaux, les insectes et les micro-organismes, principalement au cours de leur croissance. Elle a pour caractĂ©ristique fondamentale dĂȘtre constituĂ©e de matiĂšre organique, vĂ©gĂ©tale ou animale, ou tout au moins dâorigine vĂ©gĂ©tale ou animale comme le sont les sĂ©diments fossiles aujourdâhui inertes hydrocarbures, ou nâĂ©tant plus vivants mais cependant habitĂ©s par des micro-organismes actifs, ce qui caractĂ©rise les rĂ©sidus, dĂ©chets, et autres matiĂšres fermentescibles qui, sous lâaction de certaines bactĂ©ries, sont alors dĂ©nommĂ©es biodĂ©gradables[1]. La caractĂ©ristique chimique essentielle de la biomasse est dâĂȘtre construite Ă partir de molĂ©cules carbonĂ©es, structurĂ©es selon dâinnombrables formules, presque toujours de type polymĂšres, appartenant Ă des familles trĂšs connues de la chimie organique polysaccharides, ou lipides, par exemple. Dans ces assemblages de composants se trouvent gĂ©nĂ©ralement incorporĂ©s en faible quantitĂ© des Ă©lĂ©ments minĂ©raux, quâon retrouve notamment dans les cendres des produits brĂ»lĂ©s. DĂ©finition lĂ©gale Depuis les assises du Grenelle de lâenvironnement septembre-novembre 2007 et la loi de programmation n°2009- 967, la biomasse est dĂ©finie lĂ©galement en France comme la fraction biodĂ©gradable des produits, dĂ©chets, et rĂ©sidus provenant de lâagriculture, y compris les substances vĂ©gĂ©tales et animales issues de la terre et de la mer, de la sylviculture et des industries connexes, ainsi que la fraction biodĂ©gradable des dĂ©chets industriels et mĂ©nagers » Figure 1. Cette dĂ©finition a Ă©tĂ© inspirĂ©e par celle prĂ©cĂ©demment retenue de la Directive 2001-77-CE du Parlement europĂ©en et entĂ©rinĂ©e par le Conseil du 27 septembre 2001, en vue de prĂ©ciser la nature des sources dâĂ©nergie renouvelables destinĂ©es Ă la production de lâĂ©lectricitĂ©. Il sâagit donc dâun rĂ©fĂ©rentiel de la rĂ©glementation intĂ©rieure europĂ©enne. Pour que la ressource biomasse » soit caractĂ©risĂ©e matiĂšre renouvelable, on suppose que la plante repousse aprĂšs avoir Ă©tĂ© prĂ©levĂ©e », ce qui implique que son stock soit gĂ©rĂ© de façon durable sans dĂ©croĂźtre avec le temps, sa quantitĂ© de carbone incorporĂ©e demeurant ainsi stable. Les ressources constitutives de la biomasse Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les ressources de la biomasse accessibles sur notre planĂšte, issues de grands domaines de production, peuvent ĂȘtre classĂ©es de la maniĂšre suivante les produits issus de lâagriculture blĂ©, maĂŻs, pommes de terre, betterave, canne Ă sucre, colza, tournesol, soja, palme et autres et de lâĂ©levage graisses notamment, tous dĂ©diĂ©s initialement du moins Ă lâalimentation humaine ou animale auxquels sâajoutent des plantes dĂ©diĂ©es Ă la culture Ă©nergĂ©tique, comme le miscanthus gĂ©ant pour le bioĂ©thanol, le switchgrass ou le colza pour le biodiesel ; les co-produits et rĂ©sidus de lâagriculture et de lâĂ©levage pailles, pulpes, drĂšches, tourteaux, fumier de bovins, lisier de porcs, fientes de volailles ; les ressources halieutiques produits animaux de la mer et des zones humides et leurs dĂ©chets, algues et microalgues, ces derniĂšres promises Ă un grand avenir car trĂšs riches en Ă©nergie ; le bois des forĂȘts qui fournit en majeure partie les ressources de bois-Ă©nergie, utilisĂ©es pour la cuisson des aliments, le chauffage des logements et des collectivitĂ©s que complĂštent aussi les plantations dâarbres Ă vocation Ă©nergĂ©tique, comme le peuplier, le pin, lâeucalyptus ou les taillis Ă courte rotation TCR, soit quelques annĂ©es, en saule notamment ; les dĂ©chets naturels du bois et de la sylviculture plaquettes, sciure ainsi que ceux des industries du bois de construction copeaux, sciure et du bois dâemballage cagettes, palettes, tonnellerie, Ă lâexception de ceux traitĂ©s par des produits chimiques toxiques ; les dĂ©chets issus des industries agro-alimentaires, des habitations et des collectivitĂ©s urbaines, souvent humides ou mĂȘme liquides, parmi lesquels les boues des eaux usĂ©es, les ordures mĂ©nagĂšres et rĂ©sidus organiques des dĂ©chetteries, les rĂ©sidus de la distribution et des cafĂ©s-restaurants ou ceux des espaces verts. 2. Contribution de la biomasse Ă lâapprovisionnement en Ă©nergie La biomasse a Ă©tĂ© utilisĂ©e par les animaux et par les hommes depuis les dĂ©buts de leur prĂ©sence sur terre, pour satisfaire trois grands besoins fondamentaux nourriture, matĂ©riaux, et Ă©nergie, sous diverses formes Lire Consommation mondiale dâĂ©nergie avant lâĂšre industrielle. Des ressources primaires aux ressources utiles Les ressources sont des produits de la nature, mais ils sont rarement consommables directement les aliments doivent ĂȘtre Ă©pluchĂ©s, broyĂ©s, cuits ; les sources dâĂ©nergie captĂ©es et transformĂ©es par des convertisseurs tels que les meules de charbon de bois ou les moulins Ă eau ou Ă vent ; les matĂ©riaux bois, laine ou cuir travaillĂ©s Ă lâaide dâoutils. Ces successions de transformation Figure 2 forment des filiĂšres qui vont des ressources primaires, naturellement accessibles, extraites ou cultivĂ©es rayonnement solaire, vent, Ă©nergie hydraulique, gĂ©othermie, Ă©nergie nuclĂ©aire, et Ă©nergie chimique contenue dans les vĂ©gĂ©taux et animaux ; aux produits finaux bĂ»ches, pellets, boues, gaz, carburants, Ă©lectricitĂ© eux mĂȘme transformĂ©s en sources dâĂ©nergie utile dĂ©ployĂ©e pour tous usages biologiques mĂ©tabolisme, mĂ©caniques force motrice des machines, des vĂ©hicules, thermiques et chimiques. Ces transformations sâopĂšrent avec des rendements trĂšs variables selon la nature de la ressource, selon son taux dâhumiditĂ©, sa densitĂ© Ă©nergĂ©tique et selon les procĂ©dĂ©s de transformation mis en Ćuvre, mais Ă©videmment avec un rendement de consommation toujours infĂ©rieurs Ă 1 = 100%. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la valorisation de la biomasse consiste donc Ă transformer des ressources primaires en vue dâobtenir les produits finaux correspondant aux divers besoins matĂ©riels des consommateurs nourriture, matĂ©riaux, et Ă©nergie, au sein de diffĂ©rentes filiĂšres. Dans le cas de la biomasse-Ă©nergie, lâĂ©nergie est Ă©changĂ©e sous de multiples formes, dans son flux de production et en interaction avec son environnement. Dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, la valorisation de la biomasse consiste donc Ă transformer des ressources primaires en vue dâobtenir les produits finaux correspondant aux divers besoins matĂ©riels des consommateurs nourriture, matĂ©riaux, et Ă©nergie, au sein de diffĂ©rentes filiĂšres. Dans le cas de la biomasse-Ă©nergie, lâĂ©nergie est Ă©changĂ©e sous de multiples formes, dans son flux de production et en interaction avec son environnement. Lire La consommation mondiale dâĂ©nergie 1800-2000 dĂ©finitions et mesures, sources, rĂ©sultats. Place de la biomasse parmi les ressources Ă©nergĂ©tiques primaires Tant au niveau mondial quâĂ celui de la plupart des pays, surtout peu industrialisĂ©s, la biomasse reste de trĂšs loin la premiĂšre source dâĂ©nergie renouvelable dans la consommation des sources primaires dâĂ©nergie Figure 3. Hors nourriture, non considĂ©rĂ©e comme produit Ă©nergĂ©tique, elle reprĂ©sente environ 10% de toutes les sources primaires, derriĂšre le pĂ©trole, le charbon et le gaz naturel mais devant le nuclĂ©aire, lâhydroĂ©lectricitĂ© et les autres sources renouvelables. Cette part peut cependant varier considĂ©rablement dâune rĂ©gion du globe Ă lâautre, en raison des diffĂ©rences de situations gĂ©ographiques, de ressources naturelles et surtout de niveaux de dĂ©veloppement Tableau 1. Tableau 1 Biomasse en % de la consommation dâĂ©nergie primaire de diverses rĂ©gions du monde Monde 10,4 Chine 7,1 Pays membres de lâOCDE 5,7 Inde 23,5 Japon 2,5 BrĂ©sil 27,7 Etats-Unis 4,7 Afrique 47,6 Europe 8,2 Afrique sub-saharienne 61,0 Pays non membres de lâOCDE 13,9 Afrique de lâOuest 74,6 Moyen-Orient 0,1 Afrique du Centre 78,4 Russie 1,1 Afrique de lâEst 84,8 Source IEA, World Energy Outlook 2016 et Africa Energy Outlook 2014. Par rapport aux seules sources renouvelables, la part de la biomasse est presque toujours prĂ©dominante comme dans le cas de la France Figure 4. Comme lâensemble des sources dâĂ©nergie renouvelable qui proviennent Ă 98% du soleil, la biomasse-Ă©nergie provient du rayonnement solaire. La quasi-totalitĂ© des Ă©nergies renouvelables est dĂ©carbonĂ©e il sâagit de la chaleur absorbĂ©e par la terre, les ocĂ©ans, et la biosphĂšre, de lâĂ©nergie utilisable indirectement sous forme hydroĂ©lectrique, Ă©olienne, ou marine, et de celle quâon peut directement utiliser dans des capteurs solaires, thermiques sous forme de chaleur, ou photovoltaĂŻques sous forme dâĂ©lectricitĂ© Lire Ănergie solaire les bases thĂ©oriques pour la comprendre. Une autre part est carbonĂ©e. Il sâagit de la part de lâĂ©nergie solaire absorbĂ©e par la biomasse, y compris maritime, et transformĂ©e sous la forme dâune Ă©nergie chimique stockĂ©e. Elle rĂ©side surtout dans les plantes, ainsi que dans les ĂȘtres vivants, marins, vĂ©gĂ©taux et animaux, principalement dans les algues et le plancton. On la trouve en abondance dans le bois, dans les arbustes, les taillis ou lâherbe Lire PhotosynthĂšse et biomasse. Source dâĂ©nergie traditionnelle depuis les dĂ©buts de lâhumanitĂ©, cette biomasse-Ă©nergie est aujourdâhui massivement consommĂ©e dans les pays du sud Afrique, Asie, pour satisfaire les besoins domestiques de cuisson des aliments et de chauffage des habitations. Le charbon de bois y est notamment encore trĂšs utilisĂ©. Mais des pays avancĂ©s lâutilisent aussi en raison de son abondance naturelle bois des forĂȘts du Canada, ou en plantant des forĂȘts pins, eucalyptus, palmiers Ă huile, ou par lâexploitation de cultures comme celles de la canne Ă sucre, source importante de carburant au BrĂ©sil. Les ressources de la biomasse sources dâĂ©nergie Les ressources de la biomasse peuvent toutes devenir des sources dâĂ©nergie. TrĂšs diversifiĂ©es, la quasi-totalitĂ© dâentre elles peuvent en effet se muer en combustibles, y compris les matiĂšres organiques humides telles que tissus des plantes et animaux abattus, dĂ©jections et eaux usĂ©es, mais parmi toutes ces ressources, câest la matiĂšre sĂšche qui compte le plus. a/ En premier lieu, on trouve tous les usages Ă©nergĂ©tiques directs, sous forme de combustibles bois de chauffage bĂ»ches et rĂ©sidus naturels des forĂȘts, des taillis et des cultures tels que plaquettes forestiĂšres, paille, drĂšches dâorge, rafles de raisin et de maĂŻs, pulpes de betteraves, coques de tournesol et autres. Il nâest cependant pas souhaitable de brĂ»ler les rĂ©sidus agricoles, riches en matiĂšres organiques, notamment en protĂ©ine. b/ On dispose aussi des produits combustibles dĂ©rivĂ©s du bois, ayant donc subi des transformations artisanales ou industrielles charbon de bois, pellets, sciures, y compris pour les productions de chaleur urbaine, lâĂ©lectro-gĂ©nĂ©ration. Leur valeur Ă©conomique est certaine. c/ Il existe par ailleurs des plantations de vĂ©gĂ©taux non alimentaires destinĂ©s Ă la production dâĂ©nergie chaleur, Ă©lectricitĂ©, ou Ă©ventuellement Ă la production de biogaz. On les appelle des cultures Ă©nergĂ©tiques dĂ©diĂ©es. Il sâagit gĂ©nĂ©ralement de plantes Ă croissance rapide Ă saules, pins, eucalyptus, miscanthus, switchgrass, sorgho. Ces cultures ne sont encore pas trĂšs dĂ©veloppĂ©es, leur intĂ©rĂȘt Ă©conomique nâĂ©tant pas toujours dĂ©montrĂ© Ă des fins Ă©nergĂ©tiques bien quâil puisse lâĂȘtre pour des productions de matiĂšre comme la pĂąte Ă papier. d/ Les cultures alimentaires, dont on connaĂźt la trĂšs grande diversitĂ©, sont toutes des ressources potentiellement aptes Ă devenir des marchandises Ă©nergĂ©tiques. Les aliments sont par nature des produits Ă vocation Ă©nergĂ©tique indispensables Ă la survie et aux activitĂ©s physiques et intellectuelles de tous les ĂȘtres vivants, humains, animaux, et vĂ©gĂ©taux. La plupart des produits de culture que lâon trouve dans lâagro-industrie peuvent donc ĂȘtre transformĂ©s en produits Ă©nergĂ©tiques, carburants principalement amidon des cĂ©rĂ©ales en bio-Ă©thanol, sucre de la betterave ou de la canne Ă sucre Ă©galement en bio-Ă©thanol, huile des olĂ©agineux tournesol, colza, soja en biodiesel. On peut aussi cultiver du maĂŻs et dâautres plantes, notamment exotiques, en vue de fabriquer du biogaz, par mĂ©thanisation. Ce gaz peut ĂȘtre consommĂ© dans lâindustrie, distribuĂ© dans des rĂ©seaux ou utilisĂ© comme carburant dans des vĂ©hicules. Ces transformations Ă©nergĂ©tiques de produits alimentaires sont aujourdâhui trĂšs dĂ©veloppĂ©es dans certains pays comme les Ătats-Unis maĂŻs, lâAllemagne maĂŻs, ou le BrĂ©sil canne Ă sucre, mais contestĂ©es dans la mesure oĂč leur culture perturbe Ă©conomiquement les marchĂ©s dont les cours peuvent ĂȘtre faussĂ©s et risque de crĂ©er des pĂ©nuries de nourriture. e/ Ă vocation ni Ă©nergĂ©tique ni alimentaire, certaines cultures produisent des matiĂšres et des matĂ©riaux utilitaires sous dâinnombrables formes plantes Ă fibres comme le coton, le lin, le chanvre, plantes dĂ©diĂ©es hĂ©vĂ©a, pour le caoutchouc, plantes mĂ©dicinales, plantes Ă parfum, et mĂȘme plantes a priori alimentaires comme les pommes de terre, mais utilisĂ©es pour des productions de polymĂšres trĂšs divers, notamment pour la fabrication des matiĂšres plastiques et de multiples produits de chimie fine cosmĂ©tiques, solvants, adjuvants, dĂ©tergents, adhĂ©sifs, isolants, colorants et peintures. Les produits de ces cultures ne sont gĂ©nĂ©ralement pas utilisĂ©s Ă des fins Ă©nergĂ©tiques. f/ Les dĂ©chets de toutes sortes, sont, en revanche, de plus en plus transformĂ©s en matiĂšres Ă©nergĂ©tiques, notamment en vue de produire du biogaz, par fermentation mĂ©thanisation ou par mĂ©thanation. g/ Restent les algues qui sont dâabord un aliment pour de nombreuses populations dâAsie et utilisĂ©es assez abondamment dans le monde occidental spiruline, par exemple, surtout comme ingrĂ©dient pour des usages pharmaceutiques et cosmĂ©tiques. Les micro-algues, aujourdâhui objet de nombreuses Ă©tudes et expĂ©rimentations, notamment par des techniques dâaquaculture, sont connues pour leurs propriĂ©tĂ©s Ă©nergĂ©tiques remarquables, dues Ă leur contenu trĂšs Ă©levĂ© en matiĂšres olĂ©agineuses. On les considĂšre pour cette raison comme une source potentielle importante de biocarburants biodiesel, mais seulement dans les 15 ou 20 annĂ©es Ă venir Figure 5. 3. PropriĂ©tĂ©s Ă©nergĂ©tiques de la biomasse DâoĂč provient lâĂ©nergie contenue dans la biomasse ? Elle a pour origine la photosynthĂšse, mais elle dĂ©pend ensuite du contenu Ă©nergĂ©tique des diverses ressources de la biomasse, lui-mĂȘme produit des rendements de transformation. PhotosynthĂšse GrĂące aux pigments de la chlorophylle, les vĂ©gĂ©taux Ă©laborent leur biomasse sous lâeffet de la photosynthĂšse, processus dans lequel des molĂ©cules organiques glucides, notamment le glucose, monomĂšre du sucre sont Ă©laborĂ©es sous lâaction du rayonnement solaire, par absorption de gaz carbonique de lâatmosphĂšre et rĂ©action sur des molĂ©cules dâeau, rejetant en mĂȘme temps de lâoxygĂšne dans lâatmosphĂšre. Ănergie lumineuse + 6 CO2 + 6 H2O Ă C6H12O6 + 6 O2 Cette Ă©nergie dâorigine solaire est ainsi convertie et stockĂ©e, en partie, sous forme dâĂ©nergie chimique, constituant une rĂ©serve utile pour lâaccomplissement des fonctions vitales de la plante, dont sa nutrition et sa respiration. Celle-ci sâexerce en lâabsence de lumiĂšre, la nuit, en consommant de lâoxygĂšne et rejetant du gaz carbonique, dans une rĂ©action de combustion analogue Ă celle de la respiration des animaux et des hommes, qui restitue de la chaleur Lire PhotosynthĂšse et biomasse. Ce cycle complet photosynthĂšse / respiration combustion est neutre du point de vue carbone, le CO2 rejetĂ© dans lâatmosphĂšre au cours de la combustion y ayant Ă©tĂ© prĂ©cĂ©demment absorbĂ© par la plante, dans la photosynthĂšse. Contrairement Ă ce qui se passe dans la combustion des combustibles fossiles, sur une durĂ©e permettant aux vĂ©gĂ©taux de se rĂ©gĂ©nĂ©rer, il nây a pas donc dâĂ©mission de CO2 dans lâutilisation du bois-Ă©nergie. Selon les espĂšces de plantes considĂ©rĂ©es, la photosynthĂšse Ă©labore diverses molĂ©cules importantes dans le stockage Ă©nergĂ©tique de la plante, notamment le saccharose sucre polymĂšre du glucose, lâamidon polymĂšre encore plus complexe, prĂ©sent surtout dans les cĂ©rĂ©ales, le glycĂ©rol prĂ©sent dans les olĂ©agineux et riche en Ă©nergie et surtout la cellulose, composante majeure du bois et des plantes herbacĂ©es, riches aussi en fibres coton. Dans le bois, cette molĂ©cule est associĂ©e Ă des hĂ©mi-celluloses et Ă de la lignine. Les algues et microalgues absorbent et stockent aussi par photosynthĂšse des quantitĂ©s considĂ©rables de carbone, les ocĂ©ans occupant environ 70 % de la surface de notre planĂšte. Sur le plan quantitatif et Ă lâĂ©chelle planĂ©taire, les rĂ©actions de photosynthĂšse absorbent annuellement au moins 100 milliards de tonnes Gt de carbone, stockant ainsi environ 100 milliards de tonnes dâĂ©quivalent pĂ©trole Gtep dâĂ©nergie dont 59 pour la vĂ©gĂ©tation terrestre, ce qui correspond Ă 8 fois la consommation mondiale dâĂ©nergie, de lâordre de 12 Gtep[2]. LâĂ©nergie solaire diffusĂ©e sur la terre ocĂ©ans compris est gigantesque en moyenne environ 0,3 kW par m2, ce qui correspond Ă 3000 kW par hectare ou 300 000 kW par km2. Mais une trĂšs faible partie de cette Ă©nergie est en fait transformĂ©e par photosynthĂšse, soit moins de 1/1000e de la quantitĂ© reçue, en raison de lâeffet de nombreux facteurs physiques pertes thermiques et liĂ©es au spectre lumineux notamment, chimiques rĂ©actions auxiliaires, environnementales tempĂ©rature, prĂ©sence dâeau, dispersion et orientation des plantes et des feuilles, entre autres. Bien que, dans les conditions les plus favorables, lâĂ©nergie rĂ©cupĂ©rĂ©e par photosynthĂšse puisse atteindre 5 Ă 6 % de lâĂ©nergie captĂ©e, elle reprĂ©sente en dĂ©finitive, et en moyenne, nettement moins de 1%. Ă titre de comparaison, les cellules photovoltaĂŻques offrent des rendements pouvant atteindre environ 20 %. La biomasse est donc une source dâĂ©nergie trĂšs abondante mais extrĂȘmement diffuse ! Rendement matiĂšre des plantes et contenu Ă©nergĂ©tique Pour comprendre le rendement Ă©nergĂ©tique de la biomasse, il faut dâabord sâinterroger sur les quantitĂ©s de matiĂšre vĂ©gĂ©tale produites par les plantes dans lâespace et dans le temps, donc Ă leur rendement matiĂšre. Cette quantitĂ© dĂ©pend fortement de la nature du vĂ©gĂ©tal, mais tout autant du climat, de la disponibilitĂ© de lâeau et des nutriments, ainsi que des modes de culture, voire de prĂ©dation. La production brute Pb de biomasse, dans lâagriculture, est Ă©valuĂ©e en kilogrammes ou en tonnes par hectare et par an. La production naturelle de biomasse est trĂšs variable selon les rĂ©gions et les climats. Elle peut atteindre jusquâĂ 20 tonnes/hectare t/ha dans les rĂ©gions tropicales. Pour produire du bioĂ©thanol, sur un hectare et par an, on peut obtenir les quantitĂ©s de matiĂšre brute rĂ©coltĂ©es suivantes[3] BlĂ© 7,5 tonnes, soit 4,2 t dâamidon, puis 26 hectolitre hl dâĂ©thanol MaĂŻs 10 tonnes, soit 6,3 t dâamidon, puis 40 hl dâĂ©thanol Betterave 96 t soit 16 t de sucre, puis 96 hl dâĂ©thanol Canne Ă sucre 90 Ă 110 t, soit 80 Ă 100 t de sucre, puis 90 hl dâĂ©thanol. Mais lâeau occupant une part importante, voire trĂšs importante, de la masse vĂ©gĂ©tale, aussi bien dans les champs et les prairies que dans les forĂȘts, et encore bien plus dans les algues, il est nĂ©cessaire de prĂ©ciser si lâon parle de biomasse naturelle contenant son eau, ou de matiĂšre sĂšche. Cette distinction concerne surtout le bois, qui, coupĂ© fraĂźchement, peut contenir plus de 50 % dâeau. Mais pour bien brĂ»ler il doit en contenir moins de 20 %. Le contenu Ă©nergĂ©tique des combustibles est mesurĂ© par leur pouvoir calorifique, dit supĂ©rieur [PCS] lorsquâil inclut lâĂ©nergie nĂ©cessaire Ă la vaporisation de lâeau, incontournable au cours de la combustion, et dit infĂ©rieur [PCI] aprĂšs dĂ©duction de cette chaleur latente. Sur ces bases, une tonne de matiĂšre sĂšche a un contenu Ă©nergĂ©tique moyen de 0,45 tep. Une production vĂ©gĂ©tale de 10t/ha/an correspond donc Ă 4,5 tep ; il sâagit lĂ dâune production dĂ©jĂ relativement Ă©levĂ©e. Une tonne de bois dâhumiditĂ© relative Ă 25 % contient en effet 0,33 tep, ce qui Ă©quivaut tout de mĂȘme Ă 3 833 kWh. A titre de comparaison, une tonne de carburant fossile, essence, fuel domestique, ou gaz naturel, contient de 1 Ă 1,12 tep, donc au moins 3 fois plus dâĂ©nergie Lire Les unitĂ©s dâĂ©nergie. Rendement Ă©nergĂ©tique La notion de rendement Ă©nergĂ©tique est un concept gĂ©nĂ©ral, utilisĂ© lors des transformations dâune Ă©nergie en une autre forme dâĂ©nergie dans une machine, un corps vivant, un processus de production de combustible ou de carburant. Lorsque la fabrication dâun combustible ou dâun carburant, bio ou pas, nĂ©cessite la consommation dâune Ă©nergie extĂ©rieure processus allo-thermique, son rendement est gĂ©nĂ©ralement infĂ©rieur Ă celui obtenu dans le cas contraire. Mais il faut aussi tenir compte de la nature, renouvelable ou non, de cette Ă©nergie extĂ©rieure. Les professionnels de lâĂ©nergie appellent ainsi Indice Ă©nergĂ©tique Ie le rapport entre lâĂ©nergie restituĂ©e sous forme de produit final carburant et celle de lâĂ©nergie fossile consommĂ©e. Lorsque lâon dispose de vĂ©gĂ©tal destinĂ© Ă produire de lâĂ©nergie, on sait Ă©valuer la quantitĂ© dâĂ©nergie par hectare quâil contient. On connaĂźt ainsi la production brute dâĂ©nergie Pb accessible. Elle est calculĂ©e en tep/ha/an. Mais la culture des vĂ©gĂ©taux travail des sols, production des engrais, leur rĂ©colte usages des tracteurs, des machines et surtout les transformations permettant de passer de la ressource primaire au produit final combustibles solides, chaleur, biogaz ou carburants nĂ©cessitent de consommer beaucoup dâĂ©nergie, aujourdâhui fossile, selon une quantitĂ© EF. La valeur Ă©nergĂ©tique du produit final en est dâautant rĂ©duite. Celle-ci est Ă©valuĂ©e aussi en tep/ha/an, la production nette Pn = Pb â EF tep/ha/an peut alors ĂȘtre calculĂ©e. Cette fabrication, aprĂšs rĂ©colte, introduit donc des pertes de rendement, dĂ©pendant notamment des procĂ©dĂ©s mis en Ćuvre. Il en est ainsi, par exemple, de la fabrication biologique de biogaz par mĂ©thanisation, ou fabrication thermochimique de gaz de synthĂšse. On peut alors dĂ©finir un rendement Ă©nergĂ©tique RE = Pn / Pb de ce vĂ©gĂ©tal, exprimĂ© en %. Dâun point de vue Ă©conomique, le calcul du rendement Ă©nergĂ©tique, donc le calcul des coĂ»ts, pourrait aussi prendre en compte la valorisation, ou non, des coproduits issus de lâĂ©laboration du produit final, co-produits tels que tourteaux, drĂšches et pulpes de betterave. Dâune maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, cette mĂ©thode de calcul inspirĂ©e de lâanalyse du cycle de vie ACV donne des rĂ©sultats assez variables, principalement en raison de la prise en compte de la qualitĂ© renouvelable ou non des Ă©nergies grises utilisĂ©es. Du coup, elle peut produire des rĂ©sultats contestĂ©s 42 % en France, 10 % aux Ătats-Unis pour de lâĂ©thanol issu de blĂ©, de maĂŻs, ou de betterave, donc aprĂšs transformation de la molĂ©cule amidon, sucre en biocarburant. On considĂšre cependant quâen moyenne la valorisation Ă©nergĂ©tique sous forme dâĂ©thanol de ces cĂ©rĂ©ales conduit Ă obtenir un rendement Ă©nergĂ©tique de 40 %, lâusage des Ă©nergies non renouvelables absorbant donc 60 % de la ressource primaire. 4. Valorisation de la biomasse Les transformations opĂ©rĂ©es en vue de la valorisation de la biomasse apportent une valeur Ă©conomique aux ressources traitĂ©es, mais nĂ©cessitent des consommations de matiĂšre eau, intrants et dâĂ©nergie, donc absorbent dâautres ressources utilitaires, qui ont un coĂ»t et des incidences environnementales. Elles sâexercent par ailleurs presque toujours en plusieurs Ă©tapes au cours desquelles la matiĂšre est soit construite soit dĂ©construite. Construction et dĂ©construction de la matiĂšre Cycle en M » ConcrĂštement, on peut illustrer symboliquement et temporellement ce processus par un Cycle en M » dans lequel quatre phases principales se dĂ©roulent successivement, au sein dâun diagramme Temps/entropie » reprĂ©sentatif de lâordre et du dĂ©sordre » de la matiĂšre Figure 6 une phase de croissance du vĂ©gĂ©tal, naturelle sauvage ou cultivĂ©e agriculture au cours de laquelle la plante se construit et se diffĂ©rencie son ordre y croĂźt, donc son entropie y diminue ; une phase de dĂ©construction sciage du bois, trituration de bulbes, mouture de grains, Ă©laboration de pĂąte Ă papier ou hydrolyse, par exemple au cours de laquelle son ordre dĂ©croit donc son entropie augmente ; elle fournit alors de la matiĂšre dâĆuvre telle que bois, matĂ©riau farine ou glucose ; une phase de construction du produit final tel que meuble, pain, papier ou biocarburant ; une phase de consommation destruction, dans laquelle la matiĂšre du produit est gĂ©nĂ©ralement dĂ©composĂ©e nourriture ou combustion dâun carburant, par exemple, donc Ă nouveau dĂ©construite. La premiĂšre Ă©tape du M » Ă©tant celle de la crĂ©ation de la ressource croissance du vĂ©gĂ©tal, et la derniĂšre celle de sa consommation, les Ă©tapes 2 et 3 de la valorisation correspondent successivement Ă une premiĂšre puis une seconde transformation. Pour fabriquer des pellets de bois, on dĂ©construit dâabord les troncs dâarbres par sciage, broyage puis sĂ©chage, et on construit ensuite les granulĂ©s par moulage Ă haute pression, sans colle ni liant. De mĂȘme, le bioĂ©thanol est fabriquĂ© par broyage et extraction du glucose des betteraves ou de la canne Ă sucre, suivis dâune fermentation et dâune distillation. Toutes ces opĂ©rations engendrant des rĂ©sidus ou dĂ©chets, lesquels retournent tĂŽt ou tard dans la nature ou sont rĂ©cupĂ©rĂ©s et retraitĂ©s, le M ci-dessus, rebouclĂ©, est donc topologiquement un cycle. La rĂ©cupĂ©ration des dĂ©chets reprĂ©sente par elle-mĂȘme un vaste secteur Ă©conomique, dotĂ© de nombreuses filiĂšres. Elle sâinscrit dans le cadre de lâĂ©conomie circulaire, inscrite dans la loi sur la transition Ă©nergĂ©tique, mais aussi dâun principe nouveau de la valorisation de la biomasse celui des transformations en cascade Figure 7. Dans ce concept important, les rĂ©sidus ne sont pas considĂ©rĂ©s comme des dĂ©chets mais comme de nouvelles matiĂšres dâĆuvre appelĂ©es co-produits, valorisables, dont les transformations crĂ©eront des rĂ©sidus eux mĂȘme susceptibles de devenir valorisables. Par ailleurs, en fin de cascade, les vrais dĂ©chets, considĂ©rĂ©s techniquement comme tels, conservent une valeur Ă©conomique parce quâils contiennent gĂ©nĂ©ralement encore de lâĂ©nergie noyaux dâolives brĂ»lĂ©s dans des chaudiĂšres dâusine, par exemple. LâĂ©conomie circulaire est ainsi appelĂ©e Ă jouer un rĂŽle particuliĂšrement important dans la gestion de lâĂ©nergie dâune rĂ©gion ou dâun pays. FiliĂšres de valorisation et systĂšme de production biosourcĂ©e Dâun point de vue Ă©conomique, les transformations de construction-dĂ©construction sâopĂšrent au sein de filiĂšres dans lesquelles divers acteurs crĂ©ent ou entretiennent la ressource primaire agriculteurs, sylviculteurs, produisent les agro-ressources industriels, cultivent ou rĂ©coltent les produits de la mer pĂȘcheurs, aquaculteurs, puis Ă©laborent les produits finaux industriels en tous genres. Dans les siĂšcles passĂ©s, ces filiĂšres dites traditionnelles Ă©taient par nature monoflux » parce quâorganisĂ©es autour dâun flux principal de matiĂšre reliant lâagriculteur, le sylviculteur ou le pĂȘcheur au consommateur final. Ainsi en allait-il de la production de bĂ»ches consistant simplement Ă couper les troncs des arbres, Ă les dĂ©biter puis Ă les livrer aux particuliers utilisateurs en vue de leur combustion. Mais la biologie et la chimie sont passĂ©es par lĂ , et une triple vision des vĂ©gĂ©taux a pris le pas sur leur seule perception externe celle de la ressource massive plante Ă lâĂ©tat naturel, des cellules et fibres vision histologique et celle de leurs molĂ©cules. De nouvelles propriĂ©tĂ©s porteuses dâimportants dĂ©bouchĂ©s Ă©conomiques sont apparues, permettant de multiplier les produits finaux issus dâune mĂȘme ressource. Elles ont permis de dĂ©velopper des filiĂšres arborescentes nouvelles, basĂ©es sur la chimie du vĂ©gĂ©tal et les biotechnologies Figure 8. Une mĂȘme plante, le maĂŻs par exemple, permet Ă la fois de nourrir des volailles, de fabriquer de la polenta, de produire de lâamidon pour la pharmacie ou les fabriques de papier, du biogaz, de lâalcool industriel ou du bioĂ©thanol incorporĂ© dans lâessence des voitures ! Dans ce cas, lâarborescence des transformations est descendante, sa structure basĂ©e sur une, ou Ă©ventuellement plusieurs, ressources primaires mais sur une seule molĂ©cule plateforme » prĂ©sentant une diversification molĂ©culaire vers de multiples marchĂ©s. Ă lâinverse, un fabricant de carburants peut aussi produire du biodiesel avec une multitude de vĂ©gĂ©taux olĂ©agineux tournesol, colza, palme, toutes sortes de graisses animales, ou des algues. Dans ce second cas, lâarborescence de la ou des filiĂšres aboutissant Ă ce carburant est ascendante un seul marchĂ©, mais de multiples ressources primaires. 5. Les produits Ă©nergĂ©tiques finaux et leurs usages Il existe en dĂ©finitive, dans la production dâĂ©nergies biosourcĂ©es, une pluralitĂ© de filiĂšres basĂ©es sur les ressources agricoles, forestiĂšres, marines et traitement des dĂ©chets, aboutissant Ă diverses formes de sources finales dâĂ©nergie les biocombustibles solides bois-buches, pellets, charbon de bois, les biogaz, les biocarburants et lâĂ©lectricitĂ©. Biocombustibles solides le bois-bĂ»ches et les pellets Le bois est principalement utilisĂ© Ă des fins de chauffage, domestique ou collectif, dâoĂč la dĂ©signation de bois-Ă©nergie. Nombre de ses utilisateurs brĂ»lent des bĂ»ches directement issues des coupes de troncs effectuĂ©es dans les forĂȘts. Elles proviennent dâessences variĂ©es, feuillues ou rĂ©sineuses, dont le PCI dĂ©pend de la densitĂ© de la variĂ©tĂ© et surtout du degrĂ© dâhumiditĂ© du bois utilisĂ©. Sâil est sec, son pouvoir calorifique est presque identique pour toutes les essences entre 4 et 4,5 kWh/Kg. La combustion complĂšte du bois, disposant initialement dâun pouvoir calorifique supĂ©rieur PCS, nĂ©cessite la vaporisation de lâeau quâil contient. Celle-ci absorbe une certaine chaleur latente qui diminue dâautant la quantitĂ© de chaleur utile, le pouvoir calorifique rĂ©siduel devenant pouvoir calorifique infĂ©rieur PCI. Un bois rĂ©putĂ© sec dont lâhumiditĂ© est de 20% peut ainsi perdre la moitiĂ© de sa chaleur utile sâil est vert. Le processus de combustion du combustible se dĂ©roule en plusieurs Ă©tapes. LâĂ©nergie dĂ©gagĂ©e par un appareil de chauffage rempli dâune charge de bois varie en effet en fonction du temps. Ainsi un appareil dâune puissance nominale de 20 kW, par exemple, peut atteindre sur un temps relativement court une puissance de maximale de 50 kW, pour ensuite dĂ©croĂźtre progressivement pendant quelques heures. Le rendement thermique de la combustion dĂ©pend du combustible consommĂ© mais surtout de lâappareil de chauffage utilisĂ©, câest pourquoi des dispositifs et appareils, inserts ou poĂȘles, de plus en plus performants sont proposĂ©s pour le chauffage domestique. Outre lâemploi de combustibles sous forme de bĂ»ches, les besoins de chauffage sont de plus en plus satisfaits par des matĂ©riaux issus de la premiĂšre ou de la deuxiĂšme transformation des arbres. Ce sont des combustibles dâorigine industrielle, constituĂ©s soit de rĂ©sidus, Ă©corces ou copeaux, soit de plaquettes et de granulĂ©s fabriquĂ©s en vue de leur combustion dans des Ă©quipements thermiques individuels ou collectifs tels que les chaufferies au bois. Les granulĂ©s, Ă©galement appelĂ©s pellets, sont des biocombustibles solides se prĂ©sentant sous forme de cylindres, obtenus par compactage de sciure ou de copeaux de bois Figure 9. Leur densitĂ© Ă©nergĂ©tique est Ă©levĂ©e, surtout sâils sont issus de bois rĂ©sineux. Ils sont vendus en sacs, ou en vrac. Ils sont fabriquĂ©s aujourdâhui par un nombre important de fournisseurs. Leurs principales caractĂ©ristiques sont les suivantes PCI de 4,7 Ă 5,3 kWh/kg 2 kg de pellets Ă©quivalent donc Ă 1 litre de mazout ; densitĂ© Ă©nergĂ©tique quatre fois supĂ©rieures Ă celle des plaquettes forestiĂšres ; teneur en eau et en poussiĂšre infĂ©rieure Ă 10% ; teneur en cendre infĂ©rieure Ă 5%. Il existe enfin des biocombustibles solides ligneux, qui sont des bois de rebut, tels que les rĂ©sidus dâemballage, palettes et autres supports non souillĂ©s. Ils sont issus dâateliers et dâusines de la filiĂšre bois, dâĂ©tablissements de distribution, de commerces ou dâentreprises de transports. Inutilisables Ă dâautres fins que la fourniture dâĂ©nergie, ils sont aptes Ă ĂȘtre utilisĂ©s dans des chaudiĂšres et Ă©quipements similaires. Lâutilisation domestique du bois-bĂ»che dans des cheminĂ©es, des chaudiĂšres et des poĂȘles reprĂ©sente une part trĂšs importante de la consommation de bois-Ă©nergie en France Tableau 2. Environ six millions de foyers, soit prĂšs dâun logement sur quatre, se chauffent de cette maniĂšre. Un renouvellement et une modernisation assez rapides du parc dâappareils conduit cependant ces utilisateurs Ă recourir aux pellets, ce qui amĂ©liore lâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique de leur installation. Une offre de solutions combinĂ©es bois+solaire thermique » pourrait se dĂ©velopper conjointement, pour des particuliers ou des habitants de logements collectifs neufs de taille limitĂ©e Tableau 2. Tableau 2 La biomasse Ă©nergie dans le bilan Ă©nergĂ©tique de la France en 2015 Consommation primaire CE Mtep % de CE Consommation finale CF Mtep % de CF Bois 9,8 3,9 Chauffage individuel 6,5 4,3 Mat. prem. biocarburants 3,1 1,2 Chauffage collectif 2,5 1,7 DĂ©chets menagers 1,0 0,4 Biocarburant 2,5 1,7 RĂ©sidus agr. 0,3 0,1 Biogaz 0,1 0,05 ElectricitĂ© 0,5 0,3 Total 14,2 5,6 12,1 9,05 Source. MinistĂšre Env. Energie. Chiffres-clĂ©s 2016. La production dâĂ©lectricitĂ© comprend 0,45 Mtep de biogaz et 0,5 Mtep de bois et dĂ©chets dont une partie en cogĂ©nĂ©ration. Les % sont calculĂ©s sur une consommation primaire de 253 Mtep et une consommation finale de 150 Mtep Lâemploi de chaudiĂšres dans des chaufferies collectives, fonctionnant souvent avec des plaquettes, associĂ©es Ă des rĂ©seaux de chaleur chauffage urbain, principalement est une solution nettement plus efficace en termes de rendement. Cette solution est notamment bien adaptĂ©e au chauffage des locaux publics, industriels, ou agricoles dĂ©shydratation du fourrage, chauffage de serres ou dâĂ©tables. Combustibles solides le charbon de bois Le charbon de bois est un combustible utilisĂ© Ă trĂšs grande Ă©chelle dans le monde, depuis de nombreux siĂšcles. Il prĂ©sente lâintĂ©rĂȘt dâoffrir un pouvoir calorifique Ă©levĂ© ~8 kWh/kg par rapport Ă celui du bois ~5 kWh/kg, sous une forme plus aisĂ©e Ă transporter et Ă manipuler que celle des bĂ»ches et autres branchages du bois de feu, particuliĂšrement lourd lorsquâil est encore humide. Sa fabrication traditionnelle est par ailleurs facile Ă rĂ©aliser, dans des meules implantĂ©es en pleine nature. Leur fonctionnement est basĂ© sur lâexĂ©cution dâune pyrolyse produisant un combustible riche en carbone, et laissant des cendres. On y entasse le bois puis on le recouvre dâun couvercle empĂȘchant sa combustion complĂšte dans lâair libre. On laisse cependant celui-ci pĂ©nĂ©trer partiellement en dessous ; lâopĂ©ration de fabrication dans lâenceinte met en Ćuvre successivement un sĂ©chage du bois 20° Ă 110°, une prĂ©-carbonisation 110° Ă 270 °, puis une dĂ©composition exothermique dĂ©gageant divers gaz des vapeurs et du goudron 270 ° Ă 400 °, le tout parachevĂ© par un raffinement Ă haute tempĂ©rature 400 ° Ă 500 °. BrĂ»lĂ© dans un foyer Ă rendement Ă©levĂ© 25 % pour un poĂȘle ordinaire, notamment, le charbon de bois fournit une Ă©nergie utile de 2 kWh/kg, soit ~ 3 fois plus que celle issue dâune quantitĂ© de bois 5 fois supĂ©rieure Figure 10. Ă partir dâune mĂȘme quantitĂ© de vĂ©gĂ©tal, le rendement Ă©nergĂ©tique du charbon de bois est donc environ deux fois plus faible que celui du bois, ce qui signifie quâil faut abattre deux fois plus dâarbres pour obtenir la mĂȘme quantitĂ© de chaleur. Si les forĂȘts exploitĂ©es Ă cette fin ne sont pas rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©es, la production artisanale du charbon de bois est donc Ă©conomiquement nĂ©gative et territorialement destructrice. Dans divers pays en dĂ©veloppement, notamment en Afrique, en AmĂ©rique latine, et en Asie du Sud-Est, lâusage du charbon de bois, fabriquĂ© et utilisĂ© selon ces techniques, reste cependant trĂšs rĂ©pandu, soit une consommation mondiale dâenviron 50 millions de tonnes ! La production de charbon de bois pourrait cependant ĂȘtre rĂ©alisĂ©e en milieu industriel Ă une Ă©chelle importante, avec un bon rendement et dans des conditions Ă©cologiques convenables sylviculture qui mĂ©nageraient les ressources primaires. Des techniques de torrĂ©faction existent aussi, apportant une amĂ©lioration des capacitĂ©s calorifiques des combustibles obtenus. Il nâest pas superflu enfin de mentionner, parmi les produits Ă©nergĂ©tiques solides porteurs dâavenir, les briquettes combustibles obtenues par agglomĂ©ration de rĂ©sidus vĂ©gĂ©taux, principalement agricoles. Elles peuvent en effet offrir un contenu Ă©nergĂ©tique important mais elles nĂ©cessitent lâemploi dâun liant, et ont un pouvoir calorifique moindre que celui du charbon de bois. Biogaz par mĂ©thanisation ou mĂ©thanation La production dâĂ©nergie biosourcĂ©e peut aussi sâappuyer sur la transformation de dĂ©chets de toutes sortes, vĂ©gĂ©taux, animaux et humains ordures mĂ©nagĂšres en biogaz, riche en mĂ©thane, donc en calories, dĂ©nommĂ© gaz renouvelable ou parfois gaz vert. En 2017, il ne reprĂ©sente en France quâune trĂšs faible part de la consommation de gaz 0,1 %, laquelle pourrait cependant augmenter jusquâĂ 30% en 2030. Ce gaz peut ĂȘtre obtenu dans deux types de filiĂšres par voie biologique, via une dĂ©gradation de rĂ©sidus agricoles, de dĂ©jections animales ou humaines Ă partir de micro-organismes, dans des unitĂ©s de fermentation il sâagit alors dâun processus de mĂ©thanisation ; par voie thermochimique, mettant en Ćuvre des techniques de pyro-gazĂ©ification, sâappliquant plutĂŽt aux matiĂšres lignocellulosiques du bois ou de ses rĂ©sidus ; ces transformations conduisent Ă la fabrication de composĂ©s chimiques tels que des gaz de synthĂšse, mĂ©langes dâoxyde de carbone et dâhydrogĂšne, aux dĂ©bouchĂ©s multiples ; le processus utilisĂ©, basĂ© sur une mĂ©thanation, est alors appelĂ© gazĂ©ification. La mĂ©thanisation des matiĂšres organiques, vĂ©gĂ©tales et animales La mĂ©thanisation des vĂ©gĂ©taux et des matiĂšres organiques est un phĂ©nomĂšne de fermentation biologique naturel qui sâeffectue en milieu fermĂ©, dit anaĂ©robie. Il se produit spontanĂ©ment lorsque des dĂ©chets organiques humides sont confinĂ©s, par exemple dans un sac ou un conteneur. Du biogaz, composĂ© partiellement de mĂ©thane, est ainsi créé, accompagnĂ© dâune Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature. Ce gaz Ă©tant combustible peut procurer de la chaleur, possiblement transformĂ©e en Ă©lectricitĂ© ; il peut aussi ĂȘtre transformĂ© en vue dâobtenir un gaz renouvelable injectable dans un rĂ©seau ou un biocarburant gazeux biomĂ©thane. Cette fermentation de la biomasse est effectuĂ©e dans un digesteur-mĂ©thaniseur », qui produit un mĂ©lange de mĂ©thane et de gaz carbonique, riche en Ă©nergie, ainsi quâun rĂ©sidu mixte liquide et solide le digestat. Sa phase liquide peut servir dâengrais azotĂ©, sa phase solide dâamendement agricole comme du compost Figure 11. Divers types dâinstallations de mĂ©thanisation existent, y compris de gros mĂ©thaniseurs industriels certaines grandes fermes Ă©levant des bovins traitent leurs effluents dâĂ©levage sur le site mĂȘme de leur exploitation, ces investissements Ă©tant nettement soutenus par les autoritĂ©s agricoles ; des centres de stockage de dĂ©chets dĂ©charges, tenus lĂ©galement de capter leur biogaz pour Ă©viter leur rejet sans combustion dans lâatmosphĂšre, valorisent ce gaz par combustion dans des chaudiĂšres ou mĂȘme en le transformant en biocarburant ; des sites de traitement dâeffluents ou de dĂ©chets urbains boues dâĂ©puration, le plus souvent ou industriels unitĂ©s de production agroalimentaires, usines de pĂąte Ă papier valorisent aussi cette biomasse par mĂ©thanisation Lire MĂ©thanisation du traitement des eaux usĂ©es Ă lâinjection de biogaz dans le rĂ©seau. Des centres territoriaux de mĂ©thanisation, traitant dans un digesteur central des rĂ©sidus divers dĂ©chets de tonte, dâĂ©lagage, lisier ou fumier fonctionnent aussi. Ces installations, souvent coĂ»teuses et qui soulĂšvent frĂ©quemment des problĂšmes de rentabilitĂ©, ne sont toutefois mises en Ćuvre que sur des sites de grosse capacitĂ©. Elles ne suppriment pas, par ailleurs, la nĂ©cessitĂ© de stocker environ 50% des tonnages de biomasse dans des dĂ©charges. Les installations de mĂ©thanisation utilisent en gĂ©nĂ©ral 50% dâeffluents dâĂ©levage, 25% de substrats agricoles carbonĂ©s et 25% de biodĂ©chets exogĂšnes. Les effluents dâĂ©levage sont de vraies levures de la mĂ©thanisation, mais sont peu mĂ©thanogĂšnes et doivent donc ĂȘtre complĂ©tĂ©s par des substrats carbonĂ©s. Un projet agricole de ce type coĂ»te en moyenne ~1 million dâeuros M⏠pour une puissance Ă©lectrique fournie de ~150 kW de 50 Ă 1000 kW, avec une efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique totale de 65% environ. La chaleur est en gĂ©nĂ©ral peu valorisĂ©e, sauf pour le process lui-mĂȘme et lâĂ©nergie des bĂątiments, mais les digestats produits sont rĂ©cupĂ©rĂ©s, car la phase liquide est un engrais azotĂ©, la phase solide pouvant ĂȘtre utilisĂ©e comme compost. Biogaz par mĂ©thanation ou gazĂ©ification La gazĂ©ification est une opĂ©ration relativement complexe, effectuĂ©e sur des matiĂšres carbonĂ©es minĂ©rales ou organiques charbon, hydrocarbures ou sur la biomasse, en vue de produire un biogaz appelĂ© gaz de synthĂšse, qui est combustible mais est surtout utilisĂ© pour des transformations chimiques, notamment pour produire de lâhydrogĂšne Lire La production dâhydrogĂšne » vert . Le gaz de synthĂšse est un produit trĂšs valorisable, composĂ© essentiellement dâoxyde de carbone CO et dâhydrogĂšne H2. Dans cette opĂ©ration, dite thermochimique, il sâagit de transformer la biomasse en un gaz possĂ©dant de lâĂ©nergie Ă lâaide dâun Ă©chage prĂ©alable, puis dâune phase de prĂ©paration, qui se dĂ©roule ensuite en plusieurs Ă©tapes, Ă haute tempĂ©rature. Elle donne lieu Ă une rĂ©action de pyrolyse suivie dâune combustion produisant la chaleur nĂ©cessaire pour sĂ©cher la matiĂšre dâĆuvre et permettre la gazĂ©ification des produits. Elle se dĂ©roule en milieu rĂ©ducteur on ajoute juste assez dâoxygĂšne pour apporter lâĂ©nergie nĂ©cessaire en vue dâactiver les rĂ©actions de gazĂ©ification. On peut aussi fabriquer des biocarburants avec ce gaz Figure 12 Lire Biogaz, biomĂ©thane et Power-to-Gas. Ce gaz de synthĂšse peut ĂȘtre injectĂ© sur le rĂ©seau dâun distributeur ou utilisĂ© sur place pour produire de la chaleur ou de la chaleur et de lâĂ©lectricitĂ© en co-gĂ©nĂ©ration. Les bio-carburants Les biocarburants ne datent pas dâhier. DĂšs lâantiquitĂ©, et sans doute avant, les hommes avaient dĂ©couvert le pouvoir calorifique des huiles vĂ©gĂ©tales, puisquâils utilisaient des lampes Ă huile et connaissaient les vertus Ă©nergĂ©tiques de lâalcool, appelĂ© aujourdâhui Ă©thanol. Lorsque Rudolf Diesel inventa le moteur Ă explosion, au dĂ©but du siĂšcle passĂ©, câest un dĂ©rivĂ© pĂ©trolier quâil a utilisĂ© mais le moteur Ă Ă©thanol avait aussi Ă©tĂ© inventĂ©. Ce nâest que vers la fin du 20Ăšme siĂšcle que les grands agriculteurs, devenus agro-industriels, mais aussi les pĂ©troliers, ont compris que les cĂ©rĂ©ales, la betterave sucriĂšre, les produits olĂ©agineux colza, tournesol pouvaient ĂȘtre de gros pourvoyeurs dâĂ©nergie et donc permettre la production de biocarburants Figure 13. Mais les filiĂšres automobiles ne pouvaient fournir de nouveaux moteurs 100 % verts, technologiquement diffĂ©rents de ceux fonctionnant aux hydrocarbures fossiles ; par ailleurs il nâĂ©tait pas question de dĂ©tourner massivement la production agricole des marchĂ©s alimentaires. Câest pourquoi la solution du mĂ©lange biocarburantâhydrocarbure, Ă faible proportion de biocarburant 10 % a Ă©tĂ© adoptĂ©e en Europe, contrairement au BrĂ©sil qui a optĂ© pour des moteurs fonctionnant Ă 85 % dâĂ©thanol, extrait dâune canne Ă sucre abondante et bon marchĂ©. Comme dans le domaine alimentaire, oĂč lâon trouve des filiĂšres basĂ©es les unes sur les polysaccharides amidon et sucre, les autres sur les huiles et les graisses olĂ©agineux, protĂ©agineux, deux grandes filiĂšres dominent la production des biocarburants celle de lâalcool Ă©thylique Ă©thanol, et de son dĂ©rivĂ© lâĂ©thyle tertiobutyle Ă©ther ETBE, et celle de lâĂ©ther mĂ©thylique dâhuile vĂ©gĂ©tale EMHV ou biodiesel. La premiĂšre alimente les moteurs Ă essence, la seconde les moteurs diesel. Lâusage de biocarburants est trĂšs vertueux sur le plan Ă©cologique, Ă©conomique, et stratĂ©gique, car il entraĂźne une baisse importante des rejets atmosphĂ©riques de CO2, ouvre des dĂ©bouchĂ©s aux productions agricoles excĂ©dentaires, et contribue Ă lâindĂ©pendance Ă©nergĂ©tique des pays. Ces filiĂšres, aujourdâhui matures et dĂ©veloppĂ©es industriellement Ă grande Ă©chelle, sont toutefois dĂ©nommĂ©es de 1Ăšre gĂ©nĂ©ration » car basĂ©es sur des ressources agricoles dites traditionnelles, et donc soumises Ă terme Ă une concurrence dâusage elles menacent non seulement la fourniture dâaliments Ă des populations en forte croissance, donc mondialement de plus en plus nombreuses, mais entrent en concurrence avec les ressources dâorigine pĂ©troliĂšre, aux cours fluctuants. Câest pourquoi le dĂ©veloppement de filiĂšres de 2Ăšme gĂ©nĂ©ration a Ă©tĂ© entrepris il sâagit dâextraire lâĂ©nergie contenue dans la partie non alimentaire des plantes, donc de leurs composants ligno-cellulosiques. ConcrĂštement cela consiste Ă transformer les molĂ©cules de cellulose en glucose, quâon soumet ensuite Ă une fermentation permettant de produire de lâĂ©thanol. Techniquement possible, le dĂ©veloppement de cette voie se heurte au problĂšme des rendements, au dĂ©part trĂšs faibles, et suppose donc la mise au point de procĂ©dĂ©s enzymatiques et mĂ©taboliques performants, Ă partir de nouvelles enzymes et de levures. Joue en faveur de tels dĂ©veloppements lâavantage majeur des procĂ©dĂ©s biotechnologiques par rapport Ă ceux de la chimie traditionnelle, thermo-chimie notamment ; les traitements sâeffectuent sur des substrats hĂ©tĂ©rogĂšnes et non purifiĂ©s, dans des conditions opĂ©ratoires proches du naturel, câest-Ă -dire dans des suspensions aqueuses diluĂ©es, Ă basse tempĂ©rature, et sous une pression atmosphĂ©rique. Ces avantages sont nĂ©anmoins limitĂ©s par un certain nombre dâinconvĂ©nients liĂ©s Ă la complexitĂ© des processus, Ă la stabilisation des souches et Ă la difficultĂ© de pilotage des opĂ©rations de fermentation. Le bioĂ©thanol Selon la nature de la biomasse, le bioĂ©thanol peut ĂȘtre fabriquĂ© par divers procĂ©dĂ©s Figure 14. Les graines de cĂ©rĂ©ales 1Ăšre gĂ©nĂ©ration peuvent soit ĂȘtre broyĂ©es puis liquĂ©fiĂ©es, avant de subir une saccharification, suivie dâune fermentation, dâune distillation et dâune dĂ©shydratation. Un autre procĂ©dĂ© consiste Ă produire par centrifugation un lait dâamidon, en phase liquide, puis Ă lâhydrolyser pour en extraire le glucose, qui est ensuite traitĂ© par fermentation, distillation, puis dĂ©shydratation. Si la biomasse source est constituĂ©e de canne Ă sucre ou de betterave, on doit dâabord extraire le sucre, en le sĂ©parant de ses substrats tels que bagasse ou pulpes de betterave, puis, comme prĂ©cĂ©demment, le traiter par fermentation, distillation, et dĂ©shydratation Tableau 3. Lorsque la biomasse employĂ©e est ligno-cellulosique 2ĂšmegĂ©nĂ©ration, le bioĂ©thanol est fabriquĂ© selon les mĂȘmes principes aprĂšs un prĂ©-traitement mĂ©canique trituration, une hydrolyse est effectuĂ©e sous lâaction dâenzymes pour Ă©laborer un substrat fermentescible, soumis alors Ă des levures. AprĂšs cette fermentation le produit obtenu est distillĂ© pour en extraire lâĂ©thanol. Ce procĂ©dĂ© nĂ©cessite donc de fabriquer les enzymes Ă partir de bactĂ©ries et de champignons, et de disposer des levures appropriĂ©es. Ces enzymes et ces levures sont difficiles Ă sĂ©lectionner et Ă exploiter si lâon veut bĂ©nĂ©ficier dâun rendement Ă©levĂ© et de conditions de production Ă grande Ă©chelle, en utilisant, de plus, diverses matiĂšres premiĂšres ; câest pourquoi ce procĂ©dĂ©, dĂ©veloppĂ© notamment Ă Pomacle Bazancourt projet Futurol, en est encore au stade prĂ©-industriel. Tableau 3 Rendements et coĂ»ts de la production de bio-Ă©thanol obtenue Ă partir de diverses plantes Ressource vĂ©gĂ©tale QuantitĂ© brute rĂ©coltĂ©e tonnes Produit plateforme Produit final transformĂ© Ă©thanol hl CoĂ»t de production hors valorisation des coproduits âŹ/litre CoĂ»t de production avec valorisation des coproduits âŹ/litre- Betterave ~96 ~16 tonnes de sucre ~ 96 0,60 0,50 Canne Ă sucre ~90 Ă 110 ~12 Ă 16 tonnes de sucre 80 Ă 100 0,20 MaĂŻs 10 6,3 tonnes dâamidon ~ 40 0,75 0,50 BlĂ© 7,5 4,2 tonnes dâamidon ~ 26 0,75 0,50 Source France Agrimer. Pour adapter parfaitement le bioĂ©thanol aux contraintes de fonctionnement des moteurs, les pĂ©troliers lui font subir une rĂ©action chimique avec un produit bien connu, lâisobutĂšne, pour obtenir la molĂ©cule ETBE. Câest le produit qui se trouve dans le carburant E10 distribuĂ© par les pompes Ă essence, dans une proportion de 10%. Il faut cependant savoir, quâĂ masse Ă©gale, le pouvoir calorifique du bioĂ©thanol nâest que 0,64 fois celui du super sans plomb. Le biodiesel Le biocarburant dĂ©nommĂ© biodiesel peut ĂȘtre fabriquĂ© Ă partir de graines de vĂ©gĂ©taux olĂ©agineux, ce qui se pratique actuellement Ă grande Ă©chelle ou sur la base de plantes cultivĂ©es, diffĂ©rentes selon les rĂ©gions tournesol et colza en Europe ; maĂŻs principalement utilisĂ© aux Ătats-Unis ; soja et huile de palmiste en Asie produit issu des noyaux des fruits des palmiers Ă huile, leur pulpe fournissant lâhuile de palme. Dans tous les cas, les huiles de ces plantes doivent dâabord ĂȘtre extraites par une trituration, suivie dâune filtration. Les dĂ©chets de cette opĂ©ration sont des tourteaux, Ă©nergĂ©tiques et riches en protĂ©ines, trĂšs apprĂ©ciĂ©s notamment pour lâalimentation des animaux. Les huiles brutes sont ensuite semi-raffinĂ©es par un traitement de dĂ©mucilagination puis de neutralisation. Pour les rendre utilisables dans des moteurs, les huiles sont ensuite traitĂ©es chimiquement selon lâun ou lâautre de deux procĂ©dĂ©s distincts une trans-estĂ©rification, avec du mĂ©thanol, qui fournit un ester mĂ©thylique dâhuile EMHV lequel est aussi apprĂ©ciĂ© pour Ă©laborer des lubrifiants et des solvants ; cette rĂ©action fournit en outre du glycĂ©rol, produit plateforme trĂšs utilisĂ© en chimie du vĂ©gĂ©tal ; une hydrogĂ©nation qui retire les atomes dâoxygĂšne indĂ©sirables. Il est intĂ©ressant de noter aussi que le biodiesel de 1Ăšre gĂ©nĂ©ration peut aussi ĂȘtre fabriquĂ© Ă partir de graisses animales, et mĂȘme dâhuiles usagĂ©es. Il existe aussi une filiĂšre biodiesel de 2Ăšme gĂ©nĂ©ration, utilisant des plantes dĂ©diĂ©es graminĂ©es ou des dĂ©chets ligneux. Dans ce cas câest une voie thermochimique qui est mise en Ćuvre. Elle comporte un prĂ©traitement par torrĂ©faction, puis une gazĂ©ification et une purification, suivie par une rĂ©action de Fischer Tropsch. Le pouvoir calorifique du biodiesel est proche de celui du gazole traditionnel, 1 tonne dâester EMHV Ă©quivalant Ă 0,9 tonne de gazole. Les algues et les cyanobactĂ©ries Elles sont une autre source potentielle de biocarburants. Les algues et les cyanobactĂ©ries sont des organismes photosynthĂ©tiques dotĂ©s de propriĂ©tĂ©s particuliĂšrement intĂ©ressantes ils fixent environ la moitiĂ© du gaz carbonique absorbĂ© dans toute la biosphĂšre tandis que leur production de biomasse par unitĂ© de surface est plusieurs fois supĂ©rieure Ă celle des vĂ©gĂ©taux terrestres. Ils pourraient donc jouer un rĂŽle essentiel dans la panoplie des ressources du futur. Le milieu vivant du plancton phytoplancton et zooplancton, dont il existe des milliers dâespĂšces, constitue la base de la chaĂźne alimentaire de lâensemble des organismes marins poissons et autres produits de la mer, consommĂ©s massivement ; mais il existe aussi de nombreuses algues et animaux aquatiques des eaux douces riviĂšres ou lacs et des piscines dâaquaculture. Les dĂ©bouchĂ©s alimentaires des produits de la pĂȘche et de lâaquaculture occupent dĂ©jĂ une place majeure dans lâĂ©conomie mondiale, mais ce qui intĂ©resse encore plus aujourdâhui les chercheurs et industriels, ce sont les matiĂšres prĂ©sentes dans ces algues. DĂ©jĂ exploitĂ©es depuis longtemps pour des usages biochimiques pharmacie et cosmĂ©tiques, certaines contiennent en effet des molĂ©cules particuliĂšrement riches en poly-saccharides, en protĂ©ines, en polyphĂ©nols, en lipides et en sels minĂ©raux. Dans les usages Ă©nergĂ©tiques, les microalgues sont extrĂȘmement intĂ©ressantes, car leur productivitĂ© surfacique est potentiellement trĂšs Ă©levĂ©e 50 000 litres dâhuile par hectare, contre 6000 pour lâhuile de palme ! Ă lâavenir, Ă partir de procĂ©dĂ©s de photosynthĂšse naturelle ou artificielle, ces organismes pourraient convertir le CO2 de lâatmosphĂšre ou celui collectĂ© Ă la sortie des grandes usines, dans des installations dĂ©diĂ©es, hors mer et hors terres Ă vocation agricole, dans des bassins ou des lagunes saumĂątres ou alcalines fonctionnant directement ou non Ă lâĂ©nergie solaire. Pourraient ainsi ĂȘtre Ă©laborĂ©es des molĂ©cules carbonĂ©es riches en Ă©nergie, en particulier des biocarburants Figure 15. Les choses nâen sont pas encore lĂ . Bien que, depuis plusieurs annĂ©es, des stations dâessais et de dĂ©monstration prĂ©industrielles dĂ©veloppent et testent activement des procĂ©dĂ©s de culture et dâextraction Ă haut rendement de matiĂšres Ă©nergĂ©tiques huile principalement, ces perspectives sont, Ă lâĂ©chelle dâune Ă©conomie rĂ©gionale ou nationale, restent lointaines 20 ans au moins. GĂ©nĂ©ration et co-gĂ©nĂ©ration dâĂ©lectricitĂ© biosourcĂ©e La valorisation Ă©nergĂ©tique de la biomasse peut aller jusquâĂ la gĂ©nĂ©ration dâĂ©lectricitĂ© toutes les fois oĂč un coĂ»t avantageux du combustible 60⏠/ par tonne livrĂ©e ajoutĂ© au prix du CO2 Ă©vitĂ© 15⏠/ par tonne livrĂ©e rend la thermoĂ©lectricitĂ©-biomasse trĂšs compĂ©titive. Tel est le cas pour les industries et les collectivitĂ©s qui utilisent de plus en plus de chaufferies fonctionnant au bois ou Ă la paille 3000 sites existants, croissance 5 Ă 10 % / an, dont une partie associĂ©es Ă des installations de co-gĂ©nĂ©ration. La cogĂ©nĂ©ration est la production simultanĂ©e de deux Ă©nergies diffĂ©rentes dans un mĂȘme processus. Le cas le plus frĂ©quent est la production dâĂ©lectricitĂ© et de chaleur, la chaleur Ă©tant issue de la production Ă©lectrique ou lâinverse. ConcrĂštement, le bois est brĂ»lĂ© dans le foyer dâune chaudiĂšre, qui produit de la vapeur haute pression, qui entraĂźne lâaxe dâune turbine. Cet axe entraĂźne Ă son tour un alternateur, qui produit de lâĂ©lectricitĂ©. La vapeur dâeau basse pression issue de la turbine passe dans un condenseur, qui fournit de la chaleur Figure 16. Un bon exemple de ce type dâinstallation est fourni par lâusine de pĂąte Ă papier de Saint FĂ©licien au QuĂ©bec. La fourniture, en cogĂ©nĂ©ration-biomasse, de 1 MW Ă©lectrique de puissance suppose, en moyenne, la production prĂ©alable de 5 MW thermiques, soit lâutilisation de 6 MW PCI en puissance dâĂ©nergie primaire-biomasse compte tenu dâun rendement chaudiĂšre de 85 %. Pour une exploitation de 7 000 H par an, soit 42 000 MWh PCI fournis, lâinstallation nĂ©cessite donc, pour 1MWe de puissance fournie, la combustion annuelle dâenviron 14 000t de biomasse cellulosique fraĂźche. 6. Les bioĂ©nergies dans la transition Ă©nergĂ©tique Surtout depuis les derniĂšres dĂ©cennies du 20Ăšme siĂšcle, la transition Ă©nergĂ©tique est devenue une ardente obligation » Lire La transition Ă©nergĂ©tique un concept Ă gĂ©omĂ©trie variable et La transition Ă©nergĂ©tique, un enjeu majeur pour la planĂšte. Pour Ă©viter la poursuite dâune dĂ©gradation de lâenvironnement planĂ©taire, dont de graves risques climatiques, tous les pays sont invitĂ©s Ă rendre leur dĂ©veloppement Ă©conomique aussi soutenable que possible. En matiĂšre dâapprovisionnement Ă©nergĂ©tique, cet objectif signifie une plus grande maĂźtrise de la demande, via plus de sobriĂ©tĂ© lorsquâelle est possible et plus dâefficacitĂ© des utilisations de lâĂ©nergie, et une rĂ©orientation de lâoffre vers des sources dâĂ©nergie moins polluantes et moins Ă©mettrices de gaz Ă effet de serre GES que les sources fossiles. Quelle place doivent occuper les bioĂ©nergies dans les bilans Ă©nergĂ©tiques susceptibles dâassurer une transition Ă©nergĂ©tique ? Avantages des bioĂ©nergies Compte-tenu du recours massif au bois de feu dans les pays encore peu industrialisĂ©s, cette place est dĂ©jĂ , et de loin, la plus importante Ă lâĂ©chelle mondiale. Elle devrait sâaccroĂźtre encore et gagner de nouveaux pays au vu des nombreux avantages que prĂ©sente cette ressource Ă©nergĂ©tique la masse vĂ©gĂ©tale, Ă lâĂ©chelle planĂ©taire, bien que trĂšs inĂ©galement rĂ©partie, est extrĂȘmement abondante ; la production annuelle de cellulose, principal composant du bois, est dâenviron 100 milliards de tonnes, donc au moins vingt fois supĂ©rieure Ă celle du pĂ©trole ; Ă cette ressource sâajoute la masse des dĂ©chets organiques rĂ©sidus agricoles et industriels, ordures, dĂ©chets verts Ă©conomiquement et Ă©cologiquement valorisables ; en France, ils reprĂ©sentent environ 600 millions de tonnes/an. par opposition Ă lâusage des matiĂšres fossiles, bientĂŽt Ă©puisĂ©es, la biomasse est indĂ©finiment renouvelable, parce quâĂ notre Ă©chelle humaine, lâĂ©nergie solaire sera toujours prĂ©sente, de mĂȘme que lâeau et le gaz carbonique, Ă condition de respecter leur qualitĂ© et les grands Ă©quilibres naturels en trente ans, la vĂ©gĂ©tation mondiale a augmentĂ© de 14 % ! ; les bioĂ©nergies issues de cette biomasse sont trĂšs diversifiĂ©es combustibles solides sous forme de pellets, gazeux ou liquides, se prĂȘtent aisĂ©ment Ă des formes de distribution multiples vrac, sacs, rĂ©seaux de chaleur, rĂ©servoirs de gaz ou distribution Ă la pompe ; en outre, tous peuvent ĂȘtre convertis en Ă©lectricitĂ©, avec ou sans co-gĂ©nĂ©ration ; sur le plan Ă©cologique cycle du carbone, la biomasse est totalement vertueuse elle absorbe autant de CO2 par la photosynthĂšse quâelle en rejette par la combustion des ĂȘtres vivants et par la combustion sous toutes ses formes ; son bilan carbone est donc neutre ; la production des bioĂ©nergies est aussi Ă©cologiquement avantageuse car ses processus de transformation se dĂ©roulent Ă basse tempĂ©rature, Ă lâexemple de la mĂ©thanisation Ă la ferme ou de la production de bioĂ©thanol ; la combustion des biogaz peu carbonĂ©s est par ailleurs beaucoup moins polluante en particules fines que celle des hydrocarbures liquides ; toujours sur le plan Ă©cologique, cette biomasse est par nature biodĂ©gradable ; elle ne laisse donc Ă court-moyen terme aucun dĂ©chet organique, les composants minĂ©raux mĂ©taux pouvant de plus ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©s Ă des fins agronomiques ; sur le plan Ă©conomique, dans le contexte de lâĂ©conomie circulaire, sa valorisation peut ĂȘtre intĂ©grale ; selon le principe de cascade, la plante entiĂšre fruits, tiges, feuilles, troncs, Ă©corce peut en effet Ă ĂȘtre transformĂ©e, donc dotĂ©e de valeur ajoutĂ©e, et ce sur le lieu de production, sans transport et avec crĂ©ation dâemplois locaux ; last but not least, contrairement Ă la plupart des sources renouvelables, les ressources issues de la biomasse sont stockables et peuvent mĂȘme stocker, aprĂšs conversion, celles issues de sources intermittentes comme dans le power-to-gas. InconvĂ©nients Ă prendre en considĂ©ration Face Ă tous ces avantages qui militent en faveur dâun trĂšs large recours aux bioĂ©nergies, plusieurs limites pourront venir, dans certains pays plus que dans dâautres, des inconvĂ©nients suivants la difficultĂ© dâaccĂšs aux ressources, notamment dans les zones Ă faible densitĂ© vĂ©gĂ©tale mais aussi dans les forĂȘts de montagne ainsi que les problĂšmes de transport de matiĂšre lourdes telles que les grumes ou de trop faible densitĂ© telles que les taillis ou les plantes herbacĂ©es ; les sur-coĂ»ts dâexploitation imputables Ă la difficultĂ© Ă©conomique dâextraire les matiĂšres Ă©nergĂ©tiques dans les vĂ©gĂ©taux humides et matiĂšres organiques dĂ©jections animales, boues imbibĂ©es dâeau, ainsi que ceux du traitement et de la consommation dâĂ©nergie grise dâun bout Ă lâautre de la chaĂźne de production des biogaz et biocarburants, principalement dans le cas des plantes Ă faible rendement Ă©nergĂ©tique ou des dĂ©chets agricoles et sylvicoles ; le fait que tous les processus de combustion Ă©mettent des GES, mĂȘme si, sur une durĂ©e de quelques annĂ©es permettant la repousse des plantes, leur cycle du carbone est neutre ; les risques de pĂ©nurie ou de dĂ©sĂ©quilibre des marchĂ©s, notamment alimentaires, dĂ»s Ă des concurrences dâusage, comme dans le cas dâagriculteurs allemands ou amĂ©ricains cultivant du maĂŻs uniquement pour produire du biogaz ou de lâĂ©thanol ; sâagissant des biocarburants, Ă©thanol ou biodiesel, tous les moteurs ne sont pas encore aptes Ă les utiliser Ă 100%. In fine, une Ă©valuation prĂ©cise des avantages de chaque bioĂ©nergie face Ă ses concurrents potentiels pourra seule emporter la dĂ©cision, mais il y a fort Ă parier quâelle lui sera favorable dans de nombreuses situations, notamment dans les pays, riches en biomasse, mais encore trĂšs pauvres en utilisation de sources dâĂ©nergie modernes et efficaces Lire Lâapprovisionnement en Ă©nergie des populations dâAfrique non raccordĂ©es au rĂ©seau diagnostic et solutions et Quelles transitions Ă©nergĂ©tiques en Afrique subsaharienne ? Notes et rĂ©fĂ©rences [1] Les matiĂšres fossiles ou non- biodĂ©gradables ne sont lĂ©galement pas de la biomasse. [2] Source H. Bichat et P. Mathis [3] Source France Agrimer Bibliographie complĂ©mentaire Les ressources du futur issues du monde vĂ©gĂ©tal â â 408 p â Mars 2017 â Editeur Covabis Biocarburants / Cinq questions qui dĂ©rangent / / â / Editions Technip â 2008 Les triples A de la bio-Ă©conomie â EfficacitĂ©, sobriĂ©tĂ©, et diversitĂ© de la croissance verte âEd. LâHarmattan â 294 P. â 2012 Ouvrage coordonnĂ© par Claude Roy â Le Club des Bio-Ă©conomistes. La biomasse, Ă©nergie dâavenir â HervĂ© Bichat et Paul Mathis â 225 p. â Editions Quae â Mars 2013 Bioraffinerie 2030 â Une question dâavenir â Pomacle Bazancourt â Ouvrage collectif. 252 p. â Sept 2014 â Ed. LâHarmattan Energies renouvelables en agriculture â Editions France Agricole / Bernard Pellecuer / 2015 Rapport de lâOPECST/ AssemblĂ©e nationale -SĂ©nat- De la biomasse Ă la bioĂ©conomie une stratĂ©gie pour la France â 194 p â 10 fĂ©vrier 2016 â Audition publique du 25 juin 2015 Une stratĂ©gie bioĂ©conomie pour la France â Plan dâaction 2018-2020 â Plaquette 12 pages MinistĂšre de lâagriculture â FĂ©vrier 2018 LâEncyclopĂ©die de lâĂnergie est publiĂ©e par lâAssociation des EncyclopĂ©dies de lâEnvironnement et de lâĂnergie contractuellement liĂ©e Ă lâuniversitĂ© Grenoble Alpes et Ă Grenoble INP, et parrainĂ©e par lâAcadĂ©mie des sciences. Pour citer cet article, merci de mentionner le nom de lâauteur, le titre de lâarticle et son URL sur le site de lâEncyclopĂ©die de lâĂnergie. Les articles de lâEncyclopĂ©die de lâĂnergie sont mis Ă disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution â Pas dâUtilisation Commerciale â Pas de Modification International.
ï»żTableaude conversion du grain humide au grain sec en pourcentage Author: RĂ©gie des marchĂ©s agricoles et alimentaires du QuĂ©bec Subject: Tableau de conversion du grain humide au grain sec en pourcentage Created Date: 12/17/2014 11:13:38 AM
Accueil Gestion et Management Actus nationales PubliĂ© le 23 novembre 2017 Mis Ă jour le 23 novembre 2017 Ă 1144 Philippe Chadourne au boudinage. Dans les coteaux non irriguĂ©s de Saint Michel-de-Villadeix, les Ă©leveurs de la cuma du Caudeau ont optĂ© pour des rations riches en Ă©nergie et cellulose. Tel Philippe Chadourne qui a choisi le boudinage » de maĂŻs cuma du Caudeau a fait lâacquisition, voici quelques annĂ©es, dâune boudineuse. Le principe est de rĂ©colter le maĂŻs Ă environ 30% dâhumiditĂ©. AprĂšs avoir Ă©tĂ© aplati, le grain est propulsĂ© dans un boudin de plastique oĂč, bien tassĂ©, il se conserve comme un ensilage traditionnel. Il est ensuite consommĂ© par les animaux, Ă raison dâ1 Ă 2 kg incorporĂ©s dans la ration Ă©laborĂ©e dans la mĂ©langeuse, avec du foin, de lâensilage dâherbe et du maĂŻs. Cette technique sâapplique Ă©galement aux cĂ©rĂ©ales mais, pour Philippe, le rĂ©sultat est moins concluant Je trouve ce produit moins intĂ©ressant que le maĂŻs, il est moins bien assimilĂ©, un peu moins digestible, car tous les grains ne sont pas attaquĂ©s par la machine». Toujours en recherche de plus dâautonomie alimentaire, il poursuit Il me manque un peu de surface pour ĂȘtre totalement autonome.» LâannĂ©e derniĂšre, Philippe a essayĂ© dâimplanter du mĂ©teil dans la luzerne. Le rĂ©sultat sur la premiĂšre coupe Ă©tait intĂ©ressant. Le volume et la qualitĂ© Ă©taient au rendez-vous. De plus, cela bloque lâenvahissement de la luzerne par de mauvaises herbes.» Il a cependant choisi de ne pas renouveler cette formule car, avec le mĂ©teil, je suis obligĂ© de rĂ©colter la luzerne avec un petit dĂ©calage qui risquerait de me faire perdre une coupe.» Moins de travail Lâoption boudinage permet de tendre vers lâautonomie alimentaire. Sans avoir des chiffres exacts en tĂȘte, malgrĂ© les coĂ»ts de mise en culture et de rĂ©colte, les achats complĂ©mentaires incontournables demeurent plus onĂ©reux.» Autre avantage du boudin, il nây a pas dâinvestissement dans lâachat dâune cellule et donc moins de travail car il nây a ni nettoyage ni dĂ©sinfection. Le coĂ»t de 15,40 ⏠au mĂštre linĂ©aire, plastique compris, mâincite plutĂŽt Ă en faire davantage sous cette forme. Une lĂ©gĂšre pulvĂ©risation de conservateur avant la mise en boudin en garantit la bonne conservation, donc la qualité», termine-t-il. Certains Ă©leveurs de bovins laitiers comme Philippe apportent une grande partie de lâĂ©nergie sous cette forme, dans des rations riches en fourrages fibreux. Vous pouvez Ă©galement tĂ©lĂ©charger en version numĂ©rique ce numĂ©ro spĂ©cial dĂ©partemental Dordogne paru en novembre 2017.
UmGC.